Comprendre et vivre le chamanisme en France au 21ème siècle
Les fondements du chamanisme se trouvent dans la nature elle-même, dans les cycles naturels de croissance et décroissance, dans les cycles des saisons qui donnent une forme de respiration à la vie qui se crée et se réinvente sans cesse sous une forme renouvelée.
Le chamanisme existe depuis les premiers temps de l’humanité. A l’époque préhistorique, le chamanisme ne portait pas de nom car il est naturel. Les chasseurs-cueilleurs du paléolithique influaient déjà via des rituels magiques pour faciliter la quête fructueuse de leur nourriture et pour remercier la source.
Chacun voit midi à sa porte. Le chamanisme inclut des pratiques magiques. Or, sans sagesse la magie peut être utilisée à mauvais escient, donc un chamane sans sagesse est potentiel un sorcier noir. Mais fort heureusement un chamane sans sagesse ça n’existe pas, car justement c’est cette sagesse qui caractérise les chamanes. Tout au plus, il s’agit d’un abus de langage.
Le chamanisme est avant tout un art de se relier à la nature, de la connaitre et la respecter. Car c’est un fait qu’observer réellement la nature nous permet d’accroitre nos connaissances et de faire grandir notre sagesse. Nous pouvons devenir sages en apprenant à consulter les multiples esprits bienveillants qui prennent soin d’elle.
À chaque époque et dans chaque recoin du monde il y a eu des chamanes porteurs de médecines. Cela s’écrit également Shaman ou Shamanism. Une médecine au sens chamanique cela sert à embellir le monde, à faire du bien autour de soi, à plus que soi. Une médecine ça s’offre au monde et cela se partage pour en faire bénéficier les autres. Chaque être vivant porte une médecine de manière passive, mais seuls les hommes-médecine et les femmes-médecine la portent en pleine conscience et peuvent pleinement la faire grandir et la révéler au monde.
On confond souvent les chamanes et les porteurs de médecine. Certes tous les chamanes connaissent leur médecine personnelle (sinon ce ne sont pas des chamanes, mais juste des guérisseurs ou des mediums), mais tous les porteurs de médecine ne sont pas des chamanes ! Être chamane demande un apprentissage beaucoup plus complet que celui de Medicine-man ou Medicine-woman. Le ou la chamane s’appuie sur ce qui est dans son environnement, il respecte les traditions de la terre où il vit, ainsi que les us et coutumes de son peuple et de ses ancêtres. Par ailleurs chaque chamane a ses propres esprits alliés. C’est pourquoi les plantes utilisées varient d’un chamane à l’autre. Il n’y a pas qu’une seule façon de pratiquer le chamanisme, mais on retrouve des constantes. Le chamanisme est intemporel et universel, il se recrée sans cesse en fonction des endroits où il “pousse”.
Je ne pourrai dresser la liste exhaustive des peuples qui ont pratiqué le chamanisme dans le monde et dans le temps, car ils sont trop nombreux. Mais voici quelques exemples de peuples chamaniques qui chacun ont ou avaient leur art de guérison, leur manière de pratiquer les cérémonies chamaniques, leurs rites initiatiques, leurs plantes maitresse et animaux totem privilégiés :
— Les peuples inuit
— Les aborigènes d’australie
— Les papous de paouasie
— Les chamanes mongoles et sibérien
— Le peuple laika
— Le peuple maori
Le mot Shamanisme désignait à l’origine un type précis de personnes vivant en Sibérie qui avaient comme caractéristiques de maitriser l’élément feu. Un anthropologue renommé passant par là les a rendu célèbres (Est-ce Mickael Harner, auteur de nombreux livres sur le chamanisme? Je ne sais plus…). Bref c’est ainsi que le mot “Shaman” a commencé être étendu à toute personne qui de par le monde exerce les arts de guérison chamanique, pratique le voyage hors du corps dans les réalités non ordinaire, la divination, les cérémonies chamaniques et qui maitrise au moins un élément.
Certaines émanations plus modernes du chamanisme portent le nom de néo-chamanisme. C’est un terme fréquemment utilisé à notre époque. Il désigne généralement un ensemble de pratique chamaniques, une espèce de best-of chamanique conçu comme des recettes à dérouler en vu d’un résultat attendu. C’est le néo-chamanisme qui a permis de populariser le chamanisme.
Pour devenir chamane, l’apprenti-chamane commence par apprendre à voyager en esprit dans les monde Non-Ordinaires, à travers l’Arbre-Maître : dans le Monde d’En-Bas (les racines), le Monde du Milieu (le tronc) et le Monde d’En-Haut (le feuillage). Il apprendra à utiliser un tambour de manière chamanique. Il créera des alliances avec certains esprits qui seront ses enseignants, il développera ses sens subtils (clairvoyance, clairaudience, kinesthésie,…), développera ses capacités de divination et apprendra à équilibrer les éléments à l’origine de toute création. Il étudiera les arts de la guérison chamanique. Ses ancêtres l’y aideront. Le chemin du chamane est celui de la sagesse et de l’amour inconditionnel, le chamane y apprendra à se connaitre avec l’aide des esprits de la nature. Il pourra ensuite mettre sa sagesse au service de son peuple, pour les aider à évoluer et murir en sagesse.
On ne choisit pas de devenir chamane, on répond à l’appel des esprits qui nous ont choisi pour le devenir. À notre époque ce n’est pas nécessairement par lignée familiale. Quand les esprits nous choisissent, ils savent nous le faire savoir. Ils créent des situations pour que nous puissions en prendre conscience. Lorsque nous choisissons de répondre à l’appel, leurs enseignements nous parviendront avec facilité, les esprits provoqueront les bonnes rencontres qui vont nous aider à aller dans cette voie.
Que l’on soit en ville ou en forêt tropicale n’a que peu d’importance, dans une contrée moderne ou sauvage, les esprits nous trouveront de toutes manières où que l’on soit. Il y a d’ailleurs dans les grandes villes beaucoup de travail à faire pour reconnecter les citadins coupés de la nature qui sont en souffrance.
Alors ne nous méprenons pas : chamane traditionnel des forêts nu avec des plumes ou chamane moderne des villes à Montreuil ou à Val d’Europe avec une belle robe et du maquillage. Aucun n’est supérieur à l’autre. Chacun a son style, ses missions, ses outils en fonction de là où il vit et de qui il aide. Ce qui compte c’est l’authenticité du/de la chamane et la profondeur de son initiation. Jusqu’où cet être a-t-il pu rencontrer les esprits ?
À quel point a-t-il appris à se connaitre ? Combien a-t-il appris à se relier à la nature et l’observer ? Combien est-il prêt à offrir de lui-même pour se mettre au service du divin ?
Parfois, le fait de vivre loin de la campagne permet de prendre conscience plus fortement de l’importance de la nature, d’apprendre à rester relié à elle en toutes circonstances. Même les plantes qui poussent sur le bord des trottoirs de Paris et de Seine-et-Marne ont un esprit. Il leur en faut de la force et du courage pour percer le béton ! Certains chamanes sont de cette graine-là. Mais l’habit ne fait pas le moine, le tambour ne fait pas le chamane. Tout porteur d’un tambour n’est pas forcément chamane.