D’âme Verte & la voie chamane

La dame verte

Interview de Dancing Light of the Plants par Emmanuel Moulin :

Vous avez créé le centre D’âme Verte qui travaille en partenariat avec l’association Saithilya. Quelle est la vocation de ce centre? Quels sont vos projets ?

Le centre D’âme Verte est avant tout une école de chamanisme et d’herboristerie sacrée. Pendant quelques décennies la FSS (Foundation of shamanic studies fondée par Mickael Harner) a fait référence, voire exercé une sorte de monopole dans ce domaine, ils ont réveillé les consciences. Leur approche est un peu différente de ce que je propose car l’heure est au renouveau, à l’ouverture et à la reconnexion à notre propre sacré. Les hommes et femmes médecine des terres lointaines nous ont rappelé ce sacré que nous ne devions pas oublier. Gratitude à tous ces peuples. L’heure est venue de nous réveiller sur notre propre terre, de nous réapproprier nos propres traditions, notre propre sacré. Ici et Maintenant.

La mission du centre D’âme Verte consiste donc à réveiller le sacré intemporel de notre terre et des peuples qui y vivent :

  1. En transmettant la lumière et sagesse des plantes qui poussent près de nous,
  2. En renouvelant à travers une mise en pratique adaptée à notre époque la sagesse ancestrale des peuples qui nous ont précédés.

Ainsi nous pourrons tous au présent co-créer un futur conforme au rêve de nos âmes aligné avec celui de la terre-mère, un présent vivant et riche des trésors de nos ancêtres et de toutes nos vies passées. Passé et futur se rejoignant dans l’Ici et maintenant pour renouveler la Vie et l’Amour.

Etant ce que la tradition chamanique celtique appelle une “plant spirit medicine woman“, la vision m’est venue à travers la création de ce centre, de redonner sa noblesse à l’enseignement de ces deux disciplines intemporelles que sont le chamanisme celtique et l’herboristerie ou les vertus des plantes, car ce sont de véritables trésors que l’humanité doit se réapproprier.

D’âme Verte s’adresse à tous ceux qui veulent se redécouvrir en profondeur et libérer leur magie personnelle, mais aussi à ceux qui ont une âme de guérisseur et qui veulent contribuer à faire éclore d’autres âmes à leur propre magie. A ceux qui ressentent dans leur coeur l’appel de la nature, celui du chamanisme vert.

D’âme Verte leur propose dans le même temps une initiation qui prépare et réaligne leur essence, leur personnalité et leur corps, ainsi qu’une formation certifiante en chamanisme qui se veut opérationnelle, complète et respectueuse tant du point de vue des traditions sacrées, que de l’éthique spirituelle (« premièrement ne pas nuire » disait Hippocrate). Le tout adapté à notre époque et dans le respect des traditions sacrées de ceux qui nous ont précédé sur cette région de la terre.

À travers D’âme Verte, se manifeste un rêve plus vaste de contribuer à la transition vers un monde plus harmonieux, plus heureux et plus en harmonie avec la nature et les lois universelles. Nos projets consistent donc à aider les humains dans ce grand tournant de civilisation qui émerge. Je suis convaincue que la lumière des plantes a un rôle majeur à jouer dans ce processus d’évolution de la terre sur laquelle nous évoluons et de tous ceux qui y vivent. C’est pourquoi je contribue à perpétuer cette connaissance ancienne et sacrée des plantes.

Vous proposez un cursus initiatique “Devenir Chamane”, est-ce que nous pouvons tous devenir des chamanes ? Comment définissez-vous le chamane ?

Historiquement, les chamans ou shamans partout dans le monde et à travers le temps ont joué plusieurs rôles :

  • — Un rôle d’Eveilleur : c’est à dire l’initiateur qui mène l’initié vers la révélation de sa vraie nature (artiste sacré : poète, musicien, danseur, …), 
  • Un rôle de Guérisseur holistique qui agit en totale coopération avec des esprits alliés, les ancêtres, ses guides ;
  • — Un rôle de Prêtre ou prêtresse (sorcier) : Maître des rituels, protecteur qui intercède avec les mondes invisibles, l’occulte, pour dénouer des problèmes
  • Un rôle de Sage et conseiller-médiateur respecté au sein de sa tribu.

Traditionnellement la formation du chamane comporte de nombreux aspects et dure toute la vie car il affine son art au fil du temps :

— L’art de la clairvoyance, et de tous les autres sens subtils (clair audience, etc) et incluant donc aussi la divination à travers la nature (yi king = tiges d’achillée, lecture dans le feu, dans l’eau, dans la pierre, dans le son des arbres, ogham, runes, nécromancie, etc).
— L’art de voyager entre les mondes pour consulter les esprits ou intelligences de la nature afin d’acquérir des connaissances perdues ou cachées, trouver des solutions et dénouer des problèmes.
— L’art d’équilibrer les courants d’énergie pour ramener l’harmonie.
L’art de la guérison chamanique et spirituelle qui utiliser la connaissance des lois de la nature, de la roue de médecine, de l’anatomie subtile humaine, des plantes, des arbres et des pierres, des eaux,  des vents, des animaux … pour favoriser la guérison holistique.
L’art de la roue de médecine pour équilibrer les éléments et les roues de lumière.

Certes l’humanité s’éveille de plus en plus et au fil de cet éveil les sens subtils et les qualités parapsychiques associés émergent chez des êtres de plus en plus nombreux.

Malgré cela je ne pense pas que tout le monde soit né pour (re)devenir chamane car il existe de nombreuses familles d’âmes ayant chacune un rôle différent et complémentaire. Les chamanes ne sont que l’une de ces familles d’âmes. Et donc si tout le monde devenait chamane, cela créerait un déséquilibre dans l’univers. Si dans une ville il n’y avait qu’un seul corps de métier par exemple celui de cordonnier, comment ferions-nous pour nous loger, nous vêtir, etc?

Le cursus initiatique « Devenir chamane » que je propose au sein de D’âme Verte passe donc par la découverte préalable de sa médecine personnelle. Tout chamane se doit de connaitre sa médecine de l’âme pour l’appliquer en conscience toute sa vie. C’est cette médecine personnelle qui donne une saveur, une couleur unique à tout ce qu’il apporte au monde. Sans conscience de sa médecine de l’âme et de son unicité il ne serait qu’un technicien. Un expert en copier-coller. Il reproduirait à l’identique ce que son enseignant lui aurait appris. Ce n’est pas mon approche car il me semble essentiel que chacun ait conscience de ce qu’il apporte de sacré au monde, c’est ainsi qu’il pourra aider le monde dans son évolution.

L’enseignement des techniques de guérison chamanique n’est donc proposé qu’à ceux qui valident cet appel de l’âme à l’issue du parcours initiatique de la quête de  leur médecine personnelle et qui ont réveillé leurs sens subtils au fil des cercles de tambours chamaniques. Ce processus est extrêmement murissant. J’observe avec joie les apprenti-chamanes se révéler et éclore au fil de ce parcours initiatique devenant plus proches de leur vraie nature, se souvenant de qui ils sont vraiment derrière le voile.

Vous dites : “Tout chamane se doit de connaitre sa médecine de l’âme pour l’appliquer en conscience toute sa vie” mais connaitre sa médecine de l’âme ne me semble pas si aisée, être conscient à chaque instant encore moins… N’est-ce pas justement l’objectif de tous les enseignements spirituels comme le fameux : “Connais-toi toi-même” de Socrate ?

Tout ce qui existe dans l’univers extérieur existe aussi à l’intérieur de nous… et vice versa. Par exemple, de même qu’il existe des trous noirs dans le cosmos, il m’arrive lors de soins chamaniques de détecter des zones de vide semblables à des trous noirs dans les corps subtils de certaines personnes. L’herboriste sainte Hildegarde disait “Regarde-toi, tu as en toi le ciel et la terre”.

Effectivement, se connaitre soi-même est la base de tout chemin spirituel. C’est un chemin universel car nous portons le monde en nous. L’une des grandes illusions du monde du milieu où nous vivons (celui de l’incarnation) est de croire que nous sommes séparés de la création (des autres, de l’extérieur, etc).

À cause de cette fausse croyance, nous nous isolons et finissons par réellement nous déconnecter du vivant.

Les chamanes ont à cœur de maintenir et rétablir cette saine reliance avec la nature (intérieure / extérieure, macrocosme/microcosme : étoiles, planètes, etc). De cette totale reliance avec le vivant dépend notre équilibre et notre santé (physique, énergétique, émotionnelle, mentale, spirituelle). Cette reliance implique également de nous relier à nous-mêmes, de réapprendre à nous aimer inconditionnellement, de reconnaitre notre vraie nature pour oser rayonner pleinement la lumière de notre essence dans le monde de l’incarnation. Car notre terre attend que chacun de nous s’illumine et réalise sa complétude.

Les âmes chamanes peaufinent leur art de vie en vie. C’est pourquoi il y a des chamanes plus ou moins puissants en fonction de leur parcours d’âme. En fait, toutes les âmes ont une médecine personnelle, pas seulement les chamanes. Cette médecine de l’âme existe malgré nous et se traduit dans la façon dont nous nous manifestons dans le monde de l’incarnation. Nous n’avons pas besoin d’y penser pour qu’elle existe, cependant la plupart du temps nous ne sommes pas conscients de la nature de notre médecine. Nous la rejetons inconsciemment parce qu’elle nous révèle une partie de notre aspect divin. Marianne Williamson, citée par Nelson Mandela, a d’ailleurs bien résumé la situation avec cette phrase célèbre : « Notre peur la plus profonde est que nous sommes puissants au delà de toute limite, C’est notre propre lumière et non pas notre obscurité qui nous effraie le plus ».

Connaitre notre médecine de l’âme nous permet de faire totalement corps avec elle pour la déployer plus pleinement. Alors nous sommes à notre juste place et au bon moment. Nous devenons un vecteur de santé pour la terre.

Le fait que j’ai moi-même parcouru ce chemin et que je marche* aujourd’hui ma médecine plus en conscience** est aidant et rassurant pour les êtres que j’accompagne vers leur propre médecine. C’est inspirant pour eux car au fil de nos rencontres ils peuvent me voir appliquer ma médecine de l’âme et cela leur donne un exemple vivant qui les aide à mieux percevoir puis concevoir leur propre médecine. Je les aide également à trouver des passerelles adaptées à notre époque.

Lorsqu’on retrouve l’essence et la sagesse de notre âme, on se souvient de qui on est vraiment et ce qu’on est venu faire sur terre. Comprenez-vous mieux à présent pourquoi j’appelle ce parcours : « cursus initiatique » ?

* Expression chamanique qui signifie appliquer sa médecine de manière concrète et perceptible par les autres).
** C’est la quête de toute une vie.

Oui, je comprends mieux. Pouvez-vous nous expliquer plus concrètement par quel module doit commencer celui ou celle qui veut devenir chamane? J’ai regardé votre plaquette et si j’ai bien compris il y a plusieurs portes d’entrée possibles dans l’année. Quels sont ces portails ?

Le cursus « devenir chamane » est une formation en chamanisme certifiante et professionnalisante qui s’étale sur 4 années. En première année, l’apprenti-chamane commence son apprentissage par l’un des 3 modules de base : CH1 ou AM1 ou HC1.

CH1, en automne, le stage de base d’initiation au chamanisme celtique et découverte de ses animaux totem l’initiera à la pratique du voyage chamanique. Le voyage chamanique ou voyage de l’âme est l’art de voyager dans différents niveaux de réalité non ordinaires que les chamanes appellent « le monde d’en bas », « le monde d’en haut » et « le monde intermédiaire ». Dans le monde d’en bas ils découvriront notamment leurs animaux totem.

HC1, au printemps, la nature renaissante sera propice à une initiation à l’herboristerie chamanique, ce que les chamanes appellent la Plant Spirit Medicine. En d’autres mots, c’est l’art d’entrer en relation avec l’esprit des plantes à des fins d’initiation et de guérison.

Les cours d’herboristerie traditionnelle à distance complètent cet enseignement : ces modules HT peuvent être commencés dès la première année. L’ordre de ces modules n’a pas d’importance car chaque module HT est consacré à l’étude d’un système organique précis (par exemple soigner le système respiratoire avec des plantes) et de plantes spécifiques (par exemple pulmonaire) pour soigner les maladies associées à ce système. L’apprenti-chamane comprendra mieux pourquoi choisir telle plante, plutôt que telle autre, quelle partie de la plante récolter, quand et comment l’utiliser (il apprendra des recettes à base d’huile essentielle ou d’infusions, hydrolats, macérations, élixirs floraux …), les précautions à respecter (contre-indications, dosage à ne pas dépasser, toxicité…). C’est du concret synthétique et  théorique.

Dans les modules HT, l’apprenti-chamane apprendra à fabriquer différents types de remèdes à base de plantes. Ainsi il acquerra au fil des modules une connaissance de base essentielle sur les plantes et leurs usages traditionnels, les précautions à connaitre, les dangers… Ce « bagage » rationnel et empirique lui évitera de faire n’importe quoi lorsqu’il avancera dans sa pratique d’herboristerie chamanique. Par ailleurs, ce temps consacré à l’étude des plantes par la voie rationnelle aura pour effet de le familiariser et de construire des liens invisibles avec l’esprit de ces plantes qui lui seront ensuite plus faciles à connecter et canaliser par la voie chamanique.

En parallèle, l’initiation à la Plant Spirit Medicine (c’est à dire l’ensemble des modules HC) permettra à l’apprenti-chamane de découvrir que les plantes ne sont pas juste des guérisseuses des corps physiques, énergétiques et psychiques, mais que ce sont avant tout de grandes initiatrices spirituelles gardienne d’une médecine qui dépasse bien largement la notion de médecine telle que les occidentaux la conçoivent. Je parle ici de la sagesse spirituelle des végétaux. Et oui ! La voie sacrée des plantes est une voie spirituelle de découverte de soi à travers la nature. Peu de gens le savent et pourtant tout est là…

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