Sur les traces du chamanisme celtique et pré-celtique en France et en Irlande
En 2012 nous sommes entrés dans l’ère du verseau, une période propice au développement d’une spiritualité plus universelle. Et tandis que différentes formes exotiques de chamanisme issues de pays lointains sont devenues très populaires en France (chamanisme amérindien, chamanisme sibérien, chamanisme mongole ou africain…), très peu de personnes semblent connaitre le chamanisme dans sa version celtique. Et encore moins le pratiquent.
Le druidisme, la sorcellerie et le chamanisme celtique, bien qu’ayant de nombreux points communs, sont trois approches différentes du sacré qui s’appuient chacune sur l’héritage pré-celtique puis celtique. Mais ces traditions sacrées ne sont pas similaires en tous points.
Les relations avec la nature et par conséquent avec le peuple féérique des quatre familles élémentales (que sont l’air, le feu, l’eau et la terre) tiennent une place importante dans la tradition celtique. D’ailleurs le fait que beaucoup de divinités celtiques soient considérées comme étant des fées, n’est pas anodin. Le chamanisme celtique intègre la « faery faith », c’est-à-dire la foi en les fées, les elfes, le petit peuple qui veille sur la nature. Ce n’est donc pas un hasard si, notamment en Bretagne, beaucoup d’anciens sites sacrés celtiques ont gardé dans leur appellation une référence au peuple féerique (par exemple la roche aux fées).
Le chamanisme celtique est un mystère à lui seul
Certains peuples non européens reprochent aux occidentaux de s’être approprié leur culture ancestrale chamanique, pour pallier au pillage du sacré de notre terre. J’ai même lu dans des ouvrages de référence prétendus sérieux qu’il n’y avait jamais eu de chamanes en Europe, et qu’utiliser ce terme serait un abus de langage.
Woaw, mais alors pourquoi les ancêtres me poussaient-ils sans cesse à retrouver cette voie ensevelie du chamanisme celtique ?
Les celtes (ainsi que d’autres peuples un peu moins connus) nous ont pourtant bien précédés sur cette bonne terre de France.
Alors pourquoi avons-nous tendance à aller chercher si loin l’initiation au chamanisme, sachant que notre héritage celtique est tout aussi riche dans ce domaine ?
Pour trouver des réponses, il me fallut « entrer en quête », combinant la voix rationnelle des savoirs archéologiques et historiques, à la voix irrationnelle des annales akashiques et des voyages chamaniques pour sonder les esprits des ancêtres, des arbres, des végétaux et des pierres qui vivent sur notre terre.
Malgré cette pseudo officielle illégitimité, j’ai donc continué à suivre la guidance que je recevais des esprits, poursuivant pendant plus de dix ans mon chemin sur ce terrain hautement miné et dévasté de la reconquête de l’héritage spirituel de la terre de France où je vis.
J’ai donc en parallèle étudié les travaux de certains archéologues, arpenté des bibliothèques en quête de vieux livres d’histoire celtique, échangé avec des experts en celtisme. Et pendant 13 ans, je me suis rendue régulièrement en Irlande chez Beauty Plantdreamer, mon initiatrice qui est à la fois une femme-chamane, une druidesse, une prêtresse, une sorcière et une médecin herboriste. Elle m’enseigna la plant spirit médicine celtique. Je passai également du temps à arpenter d’anciens cercles de pierres, à caresser leurs mégalithes emplis de mémoires, dans l’espoir de percer leur mystère.
Conformément à toute tradition chamanique, c’est en trouvant et parcourant les chemins cachés de la nature que l’on trouve l’initiation
Et pour cela quels meilleurs guides que le peuple végétal et le roi des forêts, le cerf. Ou bien encore la reine des forêts, la renne ? Car autrefois la France était peuplée d’immenses forêts sauvages.
Au fil de cette longue quête initiatique, j’ai collecté de nombreuses informations démontrant qu’il y a bien eu des chamanes dans les territoires celtes (Angleterre, France, Irlande, Espagne, Allemagne …) et que ces chamanes existaient bien avant les celtes.
Il suffit d’ailleurs de lire les anciens textes historiques relatant la mythologique irlandaise, pour apprendre que druides, druidesses, sorcières et chamanes se sont côtoyés, chacun ayant leurs propres caractéristiques et des fonctions différentes.
J’ai ainsi découvert que ce sont des femmes qui originellement assumèrent la fonction sacrée et hautement respectée de chamane celte. A l’instar d’autres contrées du monde, ce n’est que bien plus tard que les hommes accèdèrent à ce rôle sacré de shaman.
Puis par vagues répétitives à différentes époques, ce savoir essentiel et cette fonction sacrée ont été interdits, les femmes chamanes de ce qui deviendra bien plus tard la France, ont été persécutées, si bien que le chamanisme celtique et pré-celtique a fini par tomber dans l’oubli collectif. A tel point que certains nient même aujourd’hui son existence par le passé.
L’Irlande a mieux préservé ces traditions celtiques car ce vert pays très peuplé de fées ne fut pas colonisé par les romains et fut christianisé bien plus tard que la France. C’est pourquoi ma quête me mena au cœur de cette belle ile émeraude.
Cette amnésie forcée est la grande blessure de notre peuple. Car ainsi dépossédés de notre histoire, nous avons perdu la légitimité de nos origines et de notre identité tant collective qu’individuelle.
Plus précisément les celtes ont peuplé la terre à l’âge de fer (c’est-à-dire de-800 à -52 av JC).
Bien avant eux (à une époque dite pré-celtique), les hommes étaient principalement nomades. La notion de frontière existait par les caractéristiques géologiques des lieux traversés et les opportunités qu’elles représentaient pour le développement et la croissance. Pour se nourrir, se vêtir, s’orienter et rejoindre les lieux les plus propices à la vie, les tribus nomades suivaient les traces des cervidés.
Les rennes furent donc leurs premières initiatrices. Je mentionne ce mot au féminin car chez les rennes ce sont les femelles qui portent des bois sur la tête et qui dirigent le troupeau.
Des archéologues ont retrouvé des sépultures pré-celtiques de femmes dotées d’attributs chamaniques (tambour et hochet chamanique), notamment un costume de chamane à base de peau de renne et d’une coiffe surmontée de bois de rennes (puis plus tard ils trouvèrent des bois cerf ou de chevreuil). Tous ces objets de pouvoir chamaniques indiquent que ces femmes-chamanes pré-celtiques pratiquaient l’art du voyage dans les mondes invisibles.
On retrouve également dans l’histoire de l’écosse une déesse pré-celtique coiffée de bois de cervidés qui s’appelle Elen des chemins (elen of the ways) … un autre nom de la dame verte. Cette déesse révèle ses caractéristiques avec des variantes locales (comme différents visages) comme pour nous inviter à la suivre sur l’ancien chemin initiatique de la nature.
Les cervidés s’orientent en suivant les courants énergétiques terrestre. En parcourant les circuits de migration des cervidés, des scientifiques ont retrouvé des vestiges archéologiques de cette tradition chamanique presque tombée dans l’oubli. C’est une des raisons pour laquelle de nombreux chercheurs présument qu’aux tous débuts de l’humanité, les humains utilisaient différemment leurs sens et leurs dons à la manière des chamanes du fait de leur intimité très forte avec la nature.
Ce n’est qu’avec la sédentarité que seules certaines femmes ont commencé à assumer, pour leur clan, cette fonction chamanique de « pont entre les mondes et entre les règnes », à incarner davantage la puissance du féminin sacré en facilitant pour la tribu une plus intense connexion à la Terre-mère. Ce qu’aujourd’hui on appellerait plus simplement un-e chamane ou bien une prêtre-sse. Au sein de chaque tribu chacun se spécialise ainsi dans une fonction ou rôle pour lequel il a des prédispositions.
Les femmes-chamanes pré-celtiques déploient ainsi depuis la nuit des temps leurs talents de guérisseuses herboristes, divineresse, et porte-parole des esprits. Allant chercher dans les mondes invisibles des esprits les connaissances requises pour le bien de tous. Les chamanes rapportent ainsi de précieuses connaissances du passé comme je le fais aujourd’hui.
Plus tard à une époque où les droits naturels des femmes celtes commencent à être bafoués, les femmes-chamanes celtes initieront certains hommes montrant des prédispositions au chamanisme et qui en deviendront les gardiens. Car ces femmes-chamanes sont également des prêtresses initiatrices soutenant les moments importants de la vie par des rites et cérémonies de passage.
D’ailleurs les irlandais utilisaient un mot gaélique spécifique pour désigner ces personnes : “Seabhean”. Ce mot se prononce shavane. Cela ne vous évoque rien ? Remplacez la lettre V par un M et vous obtiendrez shaman ou chamane. A présent vous comprenez mieux pourquoi l’équipe pédagogique du centre d’âme verte est constituée de seabheans.
Par ailleurs une simple visite de la célèbre grotte de Lascaux permet de constater qu’à l’époque du paléolithique supérieur (-40 000 à -9600 av. JC), l’humanité était déjà beaucoup plus évoluée que ce que nous racontent les médias.
Nos ancêtres pré-celtiques pratiquaient des rituels chamaniques dans certaines grottes leur servant de temples.
Ils y pratiquaient notamment l’art de la peinture chamanique qui révèle avec des pigments les esprits des animaux totem cachés dans les reliefs naturels des veines de la roche. Ces artistes chamanes jouaient avec la flamme vacillante des lampes à huile pour donner l’impression que les cerfs et auroch peints étaient vivants.
Cela pourrait être l’ancêtre du film d’animation, sauf qu’il s’agit là d’un art sacré. Ces ancêtres ne vivaient pas dans des grottes, car on a retrouvé des vestiges de leurs maisons en dehors des grottes.
Dans la tradition celtique Taureau (Auroch) et Cerf se partagent l’année : la période lumineuse étant représentée par l’Auroch et la période sombre est personnifiée par le Cerf dont les bois tomberont et qui succombera au chasseur.
Dans la mythologie celtique une variante de la même histoire est racontée avec le roi chêne et le roi houx qui se partagent l’année, tous deux amoureux de la dame verte. La lumière étant assimilée à la vie et l’obscurité associée aux contrées de la mort et au siddhe. Cernunnos (alias green man), le dieu du siddhe, est le consort de la dame verte.
Ces récits montrent bien qu’un autre mystère est caché dans le symbolisme de la roue de l’année celtique, le cycle vie, mort et renaissance et le cycle des éléments.
En conclusion
Le chamanisme celtique et pré-celtique n’est pas une invention, ni une appropriation culturelle des autres peuples. Il a toujours existé, car le chamanisme est universel.
Le temps de la renaissance du chamanisme celtique et préceltique est venu.
L’esprit des cervidés t’appellent pour reconnecter le coeur des forêts de France, ce temple à ciel ouvert des chamanes celtes.
La vibration rythmée du bodhran (tambour celtique) des seabheans résonne encore. Inscrite dans les roches, elle pulse au delà du temps, prête à t’ouvrir les portes des mondes invisibles. Les esprits des ancêtres celtes t’invitent à entrer dans la danse avec le petit peuple, à oeuvrer pour le collectif en tant qu’artisan-e de lumière.
Es-tu prêt-e à franchir ce portail initiatique ?
Prends soin de ta terre, honore ses mystères, remercie pour ses dons et réaligne-toi avec ses rythmes ? Car si ce n’est toi, qui le fera ?
Dancing Light of the Plants